L’église Notre-Dame de Bodilis est classée aux monuments historiques depuis 1910. Son clocher-porche date de 1570. Elle possède un mobilier et une architecture richement décorée.

Mise à jour le 30/11/2022.

■ Des informations sur l’église Notre-Dame de Bodilis

Logo monunents historiques Classé aux monuments historique le 19/11/1910
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Dénomination : Église
Titre courant : Église Notre-Dame
Date : Fin du XVIe-début du XIIIe siècles
Matériau : Granit

Département : Finistère
Arrondissement : Morlaix
Canton : Landivisiau
Commune : Bodilis
Rue Notre-Dame, 29400 Bodilis

L'église Notre-Dame de Bodilis dans le Finistère.
L’église Notre-Dame.

■ L’église Notre-Dame de Bodilis

Le cadastre de 1824 fait apparaître l’église comme inscrite dans une structure carrée. Si aucun élément de l’édifice ne semble antérieur à 1567, les archives attestent la présence d’un bâtiment à une date plus reculée. Pendant deux cent ans cinquante ans, les dons, rentes et legs de toutes sortes permettent au conseil de fabrique de modifier et d’agrandir l’église. Le clocher-porche date de 6 octobre 1570, suivant l’inscription en lettres gothiques sur le pilier sud-ouest. Le côté ouest est muré, et la porte condamnée. Ce type de clocher, extérieur au reste de l’édifice, et dont le prototype est celui le Lochrist, est bien représenté dans le haut Léon, à Lambader, à Landivisiau ainsi qu’à Lampaul-Guimiliau. Frappé par la foudre à plusieurs reprises, il a été écourté de 3 mètres depuis sa création.

Le porche

1585-1601
Granit et kersantite

Les parois latérales de ce porche entièrement ornées, comme celles des églises paroissiales de Saint-Thégonnec et de Pleyben. Il comprend des contreforts d’angles obliques très importants, à soubassement sculptés, et dont les entablements abritent des niches surmontées de dais soutenus par des colonnes. Au centre de la façade, surmontant le porche, la Vierge à l’Enfant est représentée debout sur un croissant lunaire. Un lanternon domine l’ensemble du fronton.

Saint-Yves

1570
Kersantite (H. : 25 cm)

Le portail qui ferme le porche de l’église de Bodilis lui est antérieur et date de 1570. Le décor est réalisé en kersantite, pierre qui autorise un travail précis, voire méticuleux, ainsi qu’en témoignent les statuettes sculptées dans les voussures des archivoltes Renaissance. Il est possible d’identifier saint Côme et saint Damien, patrons des apothicaires, saint Yves ou saint François d’Assise. Le tout s’inscrit dans une surabondance de végétaux et d’animaux parfois fantastiques comme ceux du bas des voussures. La porte double est datée de 1669. Ce type de représentation de saint Yves est dit « saint Yves argumentant » : en effet, le saint, reconnaissable à son bonnet d’avocat et à son étole semée d’hermine, appuie l’index de la main droite, comme pour marquer le premier point d’une démonstration. Le culte à saint Yves, modèle du prêtre et de l’avocat mort en 1303, avait pris en Bretagne une expansion fulgurante. « Sanctus Yvo erat Brito, Advocatus et non latro, Res miranda populo » dit le tercet, Saint Yves était breton, avocat et pas larron, chose admirable pour le peuple.

Bas-relief

1601
Granit (H. : 70cm)

L’intérieur du porche abrite les statues, surmontées d’un dais, des douze apôtres. L’un des soubassements comporte la représentation sculptée d’un homme et d’une femme à corps de serpent enlacés. Probablement Adam et Eve. Un motif identique se trouve dans le traité d’architecture d’Androuet du Cerceau, que possédait certainement « l’atelier de Kerjean », nom donné au groupe de sculpteurs invités par les seigneurs de Kerjean et qui ont propagé tout autour de ce château de Saint-Vougay l’art de la Renaissance, mais dont les noms sont inconnus.

Archange Gabriel

1601
Kersantite

Les niches du porche contiennent des statues, figurant d’une part le Christ tenant l’orbe et d’autre part l’Annonciation. Le second groupe se compose de l’ange Gabriel et de la Vierge, protagonistes de cet épisode biblique disposés de part et d’autre de l’entrée du sanctuaire.


Vierge de l’Annonciation

1601
Kersantite

Faisant pendant à l’ange annonciateur, la Vierge se tient à genoux sur un coussin. À ses pieds, un vase contient un lis entouré d’un phylactère avec cette inscription, sculptée à l’envers : « Ecce : ancilla : dni : fiat : mihi : secundum : verbum : tuum. », soit Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa parole.

Porte

1652
Granit

La porte permet l’entrée par le collatéral nord achevé en 1675. Elle témoigne des travaux d’agrandissement considérables qui sont entrepris au cours du XVIIe siècle. Le fronton triangulaire se distingue par la présence de deux sculptures de femmes dont les bras sont remplacés par de volutes. Ces ornements, de type Renaissance, se trouveraient également sur la tourelle du clocher de Plogoff (1547), l’ossuaire de Sizun ou la fontaine de Saint-Jaoua.

La sacristie

1682
Architecte Christophe Kerandel
Granit

Vers 1665, le parlement de Bretagne rend obligatoire la construction d’une sacristie attenant à chaque église, afin d’y abriter de manière plus sûre les archives et l’argent de chaque paroisse. Cela n’empêche pas le pillage de documents et le vol de 2 500 livres du trésor de l’église de Bodilis en 1773. À la suite de cet événement, il est convenu par la fabrique le 30 décembre 1774 que le sacristain couchera dans la sacristie de novembre à mai, moyennant une rémunération de3 livres. La sacristie de Bodilis est un édifice de plan octogonal, muni d’un étage auquel l’accès se fait par un escalier à vis apparent. Les contreforts des angles sont décorés de niche à coquille, surmontés de lanterons avec des vases funéraires. Un entablement orné court sous la toiture d’ardoises de montagne. Les fabriciens de l’époque ont fait graver les initiales I. R. et I. Q. et la date de 1682.

Écusson

Seconde moitié du XVIIe siècle
Kersantite

Le composite peut être attribué aux Boisséon, héritiers des Kerouzéré qui possèdent Coatsabiec à Bodilis depuis 1522, et aux Kergolay, qui ont acheté beaucoup de biens à Bodilis et ailleurs dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Deux des armes sculptées sont cependant difficilement identifiables ; il peut s’agir de celles des Coëtquen ou des Botquénal. L’écusson provient peut-être du manoir du Quenquis ou de la chapelle Saint-Mathieu démolie vers la moitié du XIXe siècle ; la connaissance des alliances contractées par les Boiséon avant le rachat par Jean de Kergolay, vers 1677 sans doute, des biens d’Hercule-François de Boiséon, fait néanmoins défaut.

Charpente

1680
Maître charpentier : Alain Horléac’h
Bois

Le passage, en biais, qui assure la liaison entre l’église et la sacristie, date de 1680, et une petite fenêtre carrée signale le nom de deux fabriciens de cette année-là : François Quéméneur et Ian Couloignier. 0192 l’étage, la salle d’archives comporte une cheminée monumentale, ainsi que des têtes de poutre et des sablières ornées. La charpente est en carène de bateau.

Fleur de lis

Vers 1570
Kersantite

Courant ans le Vannetais, en Cornouaille et dans le Trégor, ce motif est rare dans le Léon. Outre à bodilis, on le retrouve à Plougourvest et à Lanneufret ; Ici, en dépit de la qualité du dessin, celui-ci est muré lors de l’érection du retable de Notre-Dame de Bodilis.

Descente de croix

Vers le XVIe siècle
Bois (2 x 2m)

L’épisode de la passion du Christ représente un groupe très dense de neuf personnages ; Le Christ, sa mère, Marie-Salomé, Marie de Magdala et une autre sainte, saint Jean, Joseph d’Arimathie, un centurion et un personnage non identifié. Le grand crucifix de bois, postérieur à l’œuvre, est disproportionné par rapport à l’ensemble.

Sablière

fin du XVIe siècle
Bois

La sablière comporte une scène de charroi de tonneaux de vin par trois chevaux en ligne. L’ensemble est ponctué de statues ou de poutres à engoulants. Les fabriques n’oubliaient pas d’étancher la soif de ceux qui travaillaient pour l’église, ainsi qu’en témoigne le confessionnal couvert en douves de tonneau.

Sablière

fin du XVIe siècle
Bois

La sablière comprend une scène de labour, identifiable par la présence de trois chevaux et d’une charrue à avant-train. Le laboureur porte une cagoule à pompon. Une troisième sablière complète l’ensemble, ornée d’une scène d’ivrognerie.

Oculus

XVIe siècle
Granit

Cet oculus a été réalisé afin d’éclairer la chapelle, après que le retable de Notre-Dame de Bodilis eut obturé la fenêtre à fleur de lis. Au-dessous est placé un enfeu à fleurons gothiques. Au-dessus, la statuette d’un franciscain tenant un ciboire et une hostie peut-être saint Antoine de Padoue pour les uns, saint Pascal Baylon pour les autres. Des représentations semblables ont été répertoriées à La Roche-Maurice, à Lanneufret, à Kerbénéat et à Plounéventer.

Retable Notre-Dame de Bodilis

XVIIe siècle
Bois polychrome et doré

La chapelle Notre-Dame est à la place d’honneur, du côté de l’évangile : c’est d’ailleurs la seule de l’édifice qui soit sous voûte de pierre avec un écusson à clef d’ogive. La statue de la Vierge, légèrement déhanchée, affiche de nettes influence médiévales. Le retable contient quatre hauts-reliefs : la Nativité, l’Adoration de Mages, la fuite en Égypte et le massacre des innocents.

Confessionnal

XVIIe siècle
Bois

L’originalité de ce confessionnal se trouve dans sa couverture, probablement réalisée à partir de douves de tonneaux de vin dont la fabrique abreuvait les charretiers volontaires lors des travaux de l’église. C’est ainsi que les archives de Bodilis conservent une facture d’un tonneau de vin, d’une contenance de 225 litres, acheté à Landerneau, en 1653.

Baptistère

1858
Kersantite

L’ensemble hexagonale, dont le baldaquin est supporté par des colonnes doriques cannelées, comporte dans son entablement deux niches par côté. Celles-ci abritent sept statues pour douze places : un évêque avec un angelot sur un livre ouvert, saint Pierre avec sa clef et un livre, saint Jean écrivant sur un livre, saint Grégoire, le Père éternel tenant sur ses genoux son fils défunt, saint Marc avec son livre et son lion à ses pieds et saint Mathieu avec un livre ouvert et un homme. Plusieurs statues manquent sans doute, particulièrement celle du quatrième évangéliste saint Luc. Les archives de la paroisse ont conservé la liste des baptêmes depuis 1660, ce qui indique la présence d’un premier baptistère, antérieur à celui-ci.

■ Visite virtuelle de l’église de Bodilis

Une visite virtuelle de l’église Notre-Dame de Bodilis. N’hésitez pas à mettre en plein écran pour profiter de la visite.

■ Articles annexes

Vignette de la commune de Bodilis dans le Finistère.

Découvrez la commune de Bodilis avec son histoire et son patrimoine.
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Catégories : ÉgliseFinistère